Enquête: La filière bois en Auvergne‑Rhône‑Alpes

Compte tenu des atouts forestiers régionaux, la filière forêt-bois d’Auvergne-Rhône-Alpes occupe une bonne place au plan national. Première pour le nombre d’emplois dans la filière et pour la valeur ajoutée dégagée, la région peut s’appuyer sur la complémentarité de ses territoires.

Chacun des deux principaux massifs régionaux possède une spécialisation marquée : activités forestières et sciage pour le Massif central, construction bois pour les Alpes. Les indicateurs financiers de la filière, de même que les profils et rémunérations des salariés, sont relativement proches des moyennes nationales.

Auvergne-Rhône-Alpes dispose d’atouts naturels évidents pour le développement de la filière forêt-bois. L’étendue de ses forêts est estimée à 2,6 millions d’hectares (37 % du territoire), ce qui en fait la deuxième région métropolitaine pour la surface forestière. Cependant, détenue à 81 % par des propriétaires privés, la forêt régionale apparaît comme la plus morcelée de France. De plus, l’accessibilité est souvent difficile, notamment dans les Alpes, et de nombreuses zones sont ainsi peu exploitées. Le volume de bois sur pied est le plus important de France et il est en croissance continue, moins de la moitié de la production biologique annuelle étant prélevée.

En 2019, 5,2 millions de mètres cubes de bois ont été récoltés (récolte commercialisée – hors autoconsommation – 3e rang national). Auvergne-Rhône-Alpes reste très spécialisée dans le bois d’œuvre (grumes destinées aux usages « nobles » de la filière bois), celui-ci constituant les trois quarts de sa récolte commercialisée, contre la moitié en France. 1,9 million de mètres cubes de sciage sont produits dans la région (1er rang national) et un volume équivalent l’est en produits connexes de scieries. La région est première pour la commercialisation de produits connexes destinés au bois énergie (encadré 1).

L’exploitation concerne plus particulièrement les résineux. Les feuillus régionaux, 45 % du volume de bois sur pied, représentent seulement 8 % des grumes récoltées (27 % en France).

Première région de France pour le nombre d’emplois de la filière

La filière forêt-bois est définie dans cette étude comme un ensemble d’acteurs qui concourent à la production du bois, à sa transformation jusqu’aux produits finis et aux activités de construction .

Elle est ici étudiée dans cinq segments principaux : la sylviculture et l’exploitation forestière, le sciage et le travail du bois, la fabrication de meubles, la construction-bois (travaux de charpente et de menuiserie) et le commerce intra-filière. L’industrie du papier et du carton, assez peu connectée à la filière locale, est comptabilisée séparément (encadré 2).

Auvergne-Rhône-Alpes est la région qui emploie le plus de salariés dans la filière (44 500 en 2017, soit 14 % de l’équivalent français, dans 21 400 établissements). Le poids de la filière dans l’emploi salarié total est plus élevé que la moyenne nationale (1,5 % contre 1,2 %). La filière se compose essentiellement d’un tissu d’entrepreneurs individuels (six établissements sur dix) et de microentreprises. En ajoutant une estimation de l’emploi non salarié, la filière peut être évaluée à 60 400 emplois.

Des activités forestières très présentes dans le Massif central, moins dans les Alpes

La sylviculture et l’exploitation forestière, rassemble 3 720 établissements et 5 770 emplois (10 % de la filière), dont 60 % de non-salariés. Sur les 2 300 salariés, presque la moitié sont employés par l’Office national des forêts (ONF). 9 établissements sur 10 sont non employeurs. La petite taille des structures limite leur capacité de montée en productivité, qui suppose des investissements lourds.

Certaines zones d’emploi sont très spécialisées, surtout dans la moitié ouest : le segment représente plus de la moitié des établissements de la filière dans les zones de Tarare et du Livradois, première zone d’emploi de ce segment hors ONF. Sa part est également forte autour de Saint-Flour, Aubenas, Ussel.

En revanche, et malgré l’importance de la ressource forestière, le poids de la sylviculture et de l’exploitation forestière est plus faible dans les zones du Mont Blanc, de la Maurienne, d’Annecy, du Chablais et de la Tarentaise.

Encadré 1 – Le bois-énergie : 920 producteurs, probablement plus de 2 000 emplois

Les producteurs de combustibles bois (plaquettes, bûches, granulés) ne sont pas intégrés à l’étude, car il n’existe pas de code NAF spécifique à leur activité pour les identifier. Le poids de ce segment est cependant loin d’être négligeable. D’après l’observatoire bois énergie de Fibois Auvergne-Rhône-Alpes, en 2019, on comptabilisait 205 producteurs de bois déchiqueté (plaquettes) pour 600 à 900 emplois, 15 producteurs de granulés pour 210 emplois, 700 producteurs de bois bûche pour environ 1 100 emplois. La production de granulés était de 450 000 tonnes pour une consommation estimée de 165 000 tonnes, tandis que la production de plaquettes était de 1 159 000 tonnes pour une consommation de 1 345 000 tonnes. Les 700 producteurs de bois bûches en commercialisent environ 1,4 million de stères, or l’Ademe en estime à 4,5 millions de stères par an la consommation régionale.

Encadré 2 – L’industrie du papier-carton, mondialisée et concentrée

Assez peu connectée au bois local, l’industrie régionale du papier et du carton n’a pas été considérée dans cette étude comme un segment à part entière de la filière régionale. Bien que des unités (telles que l’entreprise de Valgelon-la Rochette) s’approvisionnent en ressource locale, ou qu’une part du bois de trituration et des connexes de scieries alimentent des unités périphériques à la région, l’approvisionnement s’opère très majoritairement sur un marché mondial.

L’industrie régionale du papier et du carton comprend, en 2017, près de 400 établissements et 8 430 emplois. Elle est bien représentée en Isère et dans la vallée du Rhône, avec par exemple Autajon Packaging à Montélimar. Assez concentrée, elle comprend une vingtaine d’établissements de plus de 100 salariés, qui totalisent plus de la moitié des emplois et dont les deux tiers dépendent de centres de décision basés à l’étranger.

Gilbert Precz

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