Ambroisie : il y a urgence!

La prolifération de l’ambroisie et son impact sur la santé sont sans appel.

L’ANSES l’a encore rappelé récemment.

Dans sa lettre de réponse à Stop Ambroisie et au réseau Biodiversité pour les abeilles, le Professeur Salomon revient sur la loi de 2016 qui a permis d’inclure dans le code de la santé publique un chapitre intitulé « Lutte contre les espèces végétales et animales nuisibles à la santé humaine ».

Constat d’échec

La raison est simple : le décret d’application de 2016 a dévoyé la volonté parlementaire en laissant la lutte contre l’ambroisie à la libre appréciation des maires et en retirant toute possibilité de sanctions.

Depuis cette date, les résultats d’analyse de la situation de l’ambroisie en France continuent de se dégrader ce qui signifie que ces mesures sont inadaptées et doivent être améliorées.

Stop Ambroisie ne cesse de répéter depuis des années que la maîtrise de l’ambroisie n’est possible que si les pouvoirs publics rendent plus coercitives la lutte avec de véritables sanctions dans le cas où celle-ci ne serait pas effective.

 Pourtant, pour reprendre les mots du directeur général de la santé : « La possibilité de mettre en demeure puis de sanctionner les propriétaires qui ne mettent pas en œuvre les mesures prescrites dans I’arrêté préfectoral n’est actuellement pas permise en l’absence de disposition législative le prévoyant ».

Le temps presse, car déjà plus de 5 000 communes françaises ont fait l’objet d’un signalement d’ambroisie à feuilles d’armoise, 1 parcelle agricole sur 3 est touchée par l’ambroisie et, en 2014, on recensait 13,3% de la population rhônalpine comme allergique à l’ambroisie contre seulement 8,5% en 1999.

Les territoires réclament des actions nationales coordonnées

Concernant l’agriculture, le Professeur Salomon affirme que tout ce qui concerne les « questions relatives aux variétés résistantes aux herbicides et à l’éventuel classement des ambroisies à la liste des espèces nuisibles aux végétaux » relève des compétences du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Les agriculteurs doivent pouvoir accès à un large panel de solutions pour lutte contre la place invasive. Même s’il est évident que chaque ministère détient ses propres compétences il ne faut pas que cette démarche de division des tâches compromette l’action commune du gouvernement pour la lutte contre la propagation de l’ambroisie.

C’est pourquoi Stop Ambroisie et le Réseau Biodiversité pour les Abeilles réitèrent auprès de l’État leurs trois revendications fortes :

  • Rendre la lutte contre lambroisie véritablement obligatoire et revoir les compétences des différentes collectivités – il est en effet impératif de ne pas laisser les maires seuls dans le combat contre les espèces invasives.
  • Faire reconnaître la pollution aérobiologique au même niveau que la pollution chimique car les polluants organiques altèrent la qualité de l’air, au même titre que les polluants chimiques.
  • Inscrire lambroisie comme organisme nuisible à lagriculture – afin de rendre sa lutte obligatoire sur l’ensemble du territoire français et que l’indemnisation des agriculteurs soit possible, lorsque ceux-ci ont mis en place les moyens de lutte nécessaires sur leur terrain. Les agriculteurs sont les premières victimes de l’ambroisie !

La lutte contre lambroisie, un défi pour la biodiversité

En raison de ses caractéristiques biologiques, l’ambroisie se développe fortement dans les parcelles de tournesols, culture aux multiples bénéfices agronomiques. Excellente tête d’assolement et faiblement consommatrice d’eau, la production de tournesol nécessite en outre peu d’intrants. Le tournesol est par ailleurs un garde-manger précieux pour les abeilles qui en font leur miel.

« La réduction des surfaces serait une catastrophe économique pour le secteur apicole déjà durement éprouvé ces dernières années » s’inquiète Philippe Lecompte, apiculteur professionnel bio et Président du Réseau Biodiversité pour les Abeilles.

C’est toute la filière des oléo-protéagineux qui est aujourd’hui menacée, et avec elle des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects.

La diminution des surfaces de tournesol n’a néanmoins rien d’inéluctable : les solutions techniques existent.

Le gouvernement doit simplement en garantir un accès durable aux agriculteurs.

Les chiffres clés de l’ambroisie
Entre 59 et 186 millions€/an : le coût de la prise en charge médicale (les médicaments et les consultations par exemple).
– Entre 10 et 30millions€/an les coûts des pertes de production basés sur les arrêts de travail,
– Entre 346 et 438 millions€/an le coût de la perte de qualité de vie (bien-être) des personnes allergiques.
L’écart entre les valeurs inférieures et supérieures de ces coûts est expliqué par les incertitudes existantes sur la prévalence de l’allergie à l’ambroisie à l’échelle nationale qui est estimée entre 1,7% et 5,4%, soit entre 1 115 000 et 3 504 000 personnes allergique
– Entre 540 000 et 764 000 personnes allergiques en région Auvergne-Rhône-Alpes, pour 40,6 millions d’euros de dépenses de soins ; 1 parcelle agricole sur 3 touchée par l’ambroisie

Gilbert Precz

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